Orlando, sans sa folie, l’oblige à chanter. Devant l’uniformité des costumes, quelques spectateurs, à l’entracte, s’interrogent : qui est qui ? La voix est par contre spontanément belle et pleine dans les passages lents et sur les valeurs longues. En revanche sa musicalité continue à mûrir et à chaque concert il enrichit son approche de la musique et les personnages commencent à prendre forme dans sa voix. Le seul défaut de cette production est finalement l’absence de mise en scène, que l’on regrette d’autant plus que Marie-Nicole Lemieux a un tempérament scénique indéniable! Il est certain que certains auront été indisposés par un tel choix. Mer agitée au loin. À part encombrer le plateau et renverser des chaises (en douceur et en les retenant, pour ne pas faire trop de bruit ? Avant, vierges de toute vérité, puis après, peu ou prou inspirées par leurs travaux, quelques productions ont tenté de réinscrire l’œuvre au répertoire – de la transposition moderne (et guerrière) selon Holk Freytag (Wuppertal, 1996), aux élucubrations flower-power de David Bosch (Francfort 2010) en passant par les costumes de Carnaval de Gilbert Blin pour l’Opéra de Prague (2001), ou le postmodernisme sensuel et assez bien vu de Barrie Koski (Bâle 2009) – mais toutes ont encore plus péché par leurs plateaux souvent improbables que par leurs propositions scéniques. Quando Medoro guarisce vanno nel Catai, paese d’origine di Angelica. Orlando, rassuré, se répand en excuses. Aucun reproche à adresser au Medoro de Margarita Sigeniotou, ni à la Bradamante de Mary-Elen Nezi…Reconnaissons que la direction d’acteurs de Maria Giparaki est minimaliste, chacun semblant livré à lui-même, sans aucune vraie tentative de caractérisation des personnages, autrement que par quelques gestes et mouvements convenus…En outre, les costumes de Francesco Zito sont d’un goût parfait, dans l’esprit d’un XVIIIe siècle orientalisant et féerique du meilleur effet. Tout devient fulgurant, efficace, pénétrant. La luna è uguale alla terra. Le premier offre avec Sol da te, mio dolce amore un instant à l’étrangeté tétanisante, magnifié par une scénographie hypnotisanteet l’accompagnement par la flûte enivrante d’Alexis Kossenko. (Opéra International – mars 2003), – 15, 29 septembre 2002, 3, 29 octobre 2002, 12, 24, 30 novembre 2002 – dir. 10 di selva in selva: il termine si carica ovviamente dei significati di “selva” connessi al primo canto dell’Inferno, dove la “selva” è il luogo della perdizione. Avec Orlando Furioso, Vivaldi tentait un retour au premier plan de la scène vénitienne et choisit un thème qu’il avait déjà abordé à deux reprises, l’une dès 1713 en participant d’assez près à l’élaboration d’un Orlando furioso attribué longtemps à un certain Ristori, et l’autre avec son Orlando finto pazzo (1714) qui ne connut pourtant pas un grand succès. Le premier acte étant comme il se doit un acte d’exposition, il est normal que la présentation des personnages à la fois d’Alcina et d’Orlando, tous issus du même Roland furieux de l’Arioste, puisse tourner à la confusion.

4 réponses. La distribution était dominée par le Ruggiero du ­contre-ténor Philippe Jaroussky, dont le premier air (sans doute le plus beau de l’œuvre) était une apparition quasi séraphique (et cela en dépit des nombreux tousseurs !). Habitée bien au-delà d’un chant à la virtuosité aléatoire, ce que le rôle-titre en somme réclame, Marie-Nicole Lemieux y atteignait en concert une dimension hallucinée dont la direction d’acteurs la prive, à force de démence feinte. Olof Boman – mise en scène Anna-Sophie Mahler – décors Duri Bischoff – costumes Geraldine Arnold – lumières Christopher Moos – dramaturgie Sylvia Roth – avec Martin Kronthaler (Orlando), Alexandra Scherrmann (Angelica), Nadja Stefanoff (Alcina), Marysol Schalit / Cristina Piccardi (Bradamante), Christoph Heinrich (Medoro), Hyo Jong Kim (Ruggiero), Patrick Zielke (Astolfo) – nouvelle production, Ferrare, Teatro Comunale – 6 mars 2013 – version de concert – Orchestra Barocca Lorenzo Da Ponte – Coro Polifonico di Santo Spirito – dir.

Dans le rôle-titre qui a échu à la canadienne Marie-Nicole Lemieux (à la suite de l’annulation de Nathalie Stutzmann), cette jeune chanteuse, découverte et reconnue grâce à sa triomphale victoire au concours Reine Elisabeth de Belgique, est époustouflante de virtuosité et d’intensité dramatique. IntroduzioneIl primo canto del poema cavalleresco di Ludovico Ariosto, l’Orlando furioso, introduce le linee fondamentali della vicenda e presentando, nel Proemio (ottave 1-4), i temi e i dedicatari dell’opera.Il Proemio Il proemio (ottave 1-4) del po “Avec la recréation de l’Orlando Furioso s’ouvre au Théâtre des Champs-Elysées un nouveau cycle consacré à Antonio Vivaldi. Au terme d’un affreux combat, statue et monstre s’écroulent ; l’île est libérée des maléfices d’Alcina et devient déserte avec tous ses escarpements, tous ses rochers, avec l’arbre auquel sont pendues les armes d’Orlando.

Magistralement contrôlé, le chant affronte toutes les difficultés, virtuosité, legato, dynamique, avec une justesse expressive qui va bien au delà de la simple démonstration. Drame musical, opéra héroïco-magique, en trois actes (RV 728), créé au Teatro Sant’Angelo de Venise, à l’automne 1727. Jennifer Larmore dessine une Alcina sarcastique (« Alza in quegl’occhi », acte I) et séductrice dont chaque intervention capte l’attention du spectateur. Trop retenue peut-être, il lui manque le petit grain de folie qui traverse la partition, mais elle est de bout en, bout attentive aux voix et au moral des interprètes. Un enchaînement trop rapide des airs risque de traduire une certaine gratuité et superficialité. Raoul Grüneis – mise en scène Rosamunde Gilmore – décors, costumes Carl Friedrich Oberle – avec Hans Christoph Begemann (Orlando), Lauren Francis (Angelica), Susanne Reinhard (Alcina), Katrin Gerstenberger (Bradamante), Fred Hoffmann (Medoro), Arno Raunig (Ruggiero), Werner Volker Meyer (Astolfo), Festival d’Opéra de Barga – 21, 23, 25 juillet 2002 – Ensemble Modo Antiquo – Federico Maria Sardelli – mise en scène Francesco Micheli – décors Nicolas Bovey – en collaboration avec Istituto Italiano Antonio Vivaldi, la Westdeutscher Rundfunk, la Rivista Amadeus.

Bradamante et Alcina, ainsi que Ruggiero caché assistent aux divagations d’ormando et méditent sur les maux de l’amour. Même ivre de fureur et de jalousie (impressionnante scène de la folie), son personnage maintient une ligne vocale colorée et souple. Alcina a accueilli en son château la belle Angelica, fille du Roi de Cathay. (2) Orlando cherche à réconforter Ruggiero. À Paris depuis six jours, grâce à une coproduction du Théâtre des Champs-Élysées et de l’Opéra de Nice (jusqu’au 5 avril), les avis divergent sur la scénographie. grazie. Par prudence, elle feint de s’appeler Olimpia et d’être à la recherche de Bireno, un amant infidèle. Air de Bradamante (Io son ne’ lacci tuoi). “Il y eut d’abord un concert, en 2003 – Michel Franck etJeanine Roze en étaient les producteurs -, suivi d’un enregistrement dans l’Édition Vivaldi voulue par Naïve.

Seule vraie faute de béotien : la césure interminable entre récits et airs, immobilisant l’action. Mais le discours, toujours aussi fluide, semble s’être assagi ; le son orchestral s’est lissé, les cordes sont soyeuses, l’homogénéité rassurante. Dans cette « Capitale du nord » déjà artistiquement gagnée par la veine napolitaine et dont le public s’enthousiasme devant des Farinellis, l’ouvrage du Prêtre roux, est relativement accueilli. Andrea Marcon – avec Romina Basso (Orlando), Manuela Custer (Alcina), Sylva Pozzer (Angelica), Anna Rita Gemmabella (Bradamante), Jordi Domenech (Medoro), Xavier Sabata (Ruggiero), Lorenzo Regazzo (Astolfo), Amsterdam – Het Concertgebouw – 3 mai 2008 – version de concert – Venice Baroque Orchestra – dir. Là aussi, le rôle semble trop grave pour elle et parfois on éprouve quelques difficultés à distinguer ses notes à travers l’orchestre. Pour cette partition, Jean-Christophe Spinosi et le musicologue Frédéric Delaméa se sont appuyés sur un manuscrit autographe turinois et ont tenté de restituer la sinfonia manquante et deux airs (de Ruggiero et d’Alcina). Les récitatifs ont du coup été largement amputés, ce qui améliore peut-être la densité musicale de l’ensemble mais rend les situations encore plus difficiles à comprendre. Mais ces minces réserves s’évanouissent en entendant toute la puissance dramatique qu’elle prodigue à certains sons. Veronica Cangemi a une voix très séduisante mais qui semble se chercher un peu, en direction de graves qu’elle ne possède peut-être pas intrinsèquement. Marie-Nicole Lemieux est déjà bien furieuse dans son Nel profondo cieco mondo du premier acte, mais elle en a heureusement en réserve !

Ce projet qui s’étendra sur plusieurs saisons a pour vocation de faire connaître et redécouvrir des oeuvres inexplorées, voire perdues, du compositeur vénitien. Roberto Zarpellon – chef de choeur Francesco Pinamonti – avec Luciana Mancini, Patrizia Cigna, Daria Telyatnikova, Barbara Di Castri, Ana Häsler, Luca Tittoto, Theater an der Wien – Vienne – Autriche – 22 octobre 2011 – Madrid – Auditorium National – 30 octobre 2011 – Ensemble Matheus – dir. Là aussi, le rôle semble trop grave pour elle et parfois on éprouve quelques difficultés à distinguer ses notes à travers l’orchestre. (9) Air de Medoro (Vorrebbe amando il cor).